Haltérophilie / Place Publique / Chevalière / Or - Lot 94

Lot 94
Aller au lot
Estimation :
3000 - 5000 EUR
Résultats sans frais
Résultat : 4 800EUR
Haltérophilie / Place Publique / Chevalière / Or - Lot 94
Haltérophilie / Place Publique / Chevalière / Or Remarquable et unique chevalière en or 18 carats (poinçon), d’un poids de 68 grammes, ornementée d’un motif inattendu et puissant : un poids carré encadré de deux haltères courts à boules. Œuvre d’art singulière, sans signature connue mais dont l’histoire est intimement liée à son propriétaire, Yves Le Boulanger, alias Yves Coudray, surnommé dans les milieux parisiens de l’entre-deux-guerres « le roi de la pince ». Né à Vitré en 1879, disparu à Paris en 1954, ce Breton indomptable choisit de vivre en homme libre, traînant ses haltères de places publiques en boulevards, loin des cadres officiels ou des arènes de cirque. Musicien autodidacte, il rameutait les badauds en soufflant des airs d’Aïda ou de Michel Strogoff, avant de livrer ses exhibitions de force sur le boulevard de Bonne Nouvelle ou au square d’Anvers. Sa vie fut celle des haltérophiles de bitume, des « placardeurs », de ces athlètes errants, fiers et solitaires, vivant non de la charité mais de la générosité arrachée aux passants, éblouis par ses exploits authentiques, loin des poids truqués parfois utilisés par d’autres. Yves Coudray n'était pas de ceux-là. Formé à l’école classique de l’haltérophilie – il côtoya Paul Pons et signa quelques records prometteurs – il s’en détourna très vite, préférant arpenter les rues, adoptant comme pseudonyme le métier de sa jeunesse : Yves Le Boulanger. Le public, conquis, le rebaptisa affectueusement « La Boulange ». Escorté de son apprenti tirant la carriole, soutenu un temps par l’acteur Charles Moulin ou encore Charles Rigoulot, l’homme le plus fort du monde, Yves Le Boulanger s’imposa comme une figure incontournable des spectacles de rue. Sa spécialité : une force herculéenne dans les poignets et surtout dans les doigts – talent hérité peut-être de ses années de pétrissage. Durant près d’un demi-siècle, il soulèvera des milliers de poids de 20 kg, sous les applaudissements, les quolibets, mais aussi les piécettes jetées sur son tapis usé, entre deux appels truculents : « Encore cinq sous et le spectacle commence », « Cinq sous les bidas », « Cinq sous la nounou, sinon le lardon va couiner ». La carrière du roi de la pince s’éteint en 1951, avant sa disparition discrète en 1954. La chevalière, unique et émouvante, reste comme un témoignage tangible de cette existence hors du commun, de ses exploits de rue, de son mystère aussi : combien de pièces ramassées sur le pavé pour s’offrir ce bijou ? Combien de repas sacrifiés ? Un fragment d’histoire populaire, d’un temps où la force athlétique se monnayait à la criée, au gré des caprices du ciel et des spectateurs. Cette chevalière, clin d’œil à la réclame qu’il fit en 1935 pour la Tisane des Chartreux de Durbon, incarne tout le panache d’une vie de lutte, de parade, de liberté. Sans cela, Madame, le roi de la pince n’aurait jamais été roi
Mes ordres d'achat
Informations sur la vente
Conditions de vente
Retourner au catalogue