Lot n° 204
Estimation :
300 - 500
EUR
Register for the sale on drouot.com
Leave absentee bid
Your amount
EUR
Bid by phone
Bid by phone
Your amount
EUR
Zareh MUTAFIAN (1907-1980) - Lot 204
Zareh MUTAFIAN (1907-1980)
Deux femmes attablées.
Huile sur toile.
Signée au dos.
73 x 60 cm.
La mer et la mémoire
Les années de l'ombre (1907-1923)
Le 15 mars 1907, à Ünye, en Turquie sur les rives de la mer Noire près de Samsun, naquit Zareh Mutafian.
Huit ans plus tard, le génocide des Arméniens faucha toute sa famille. Lui-même, laissé pour mort, fut arraché au convoi des déportés par un étameur kurde.
Recueilli par le Near East Relief (« Fondation pour le Proche-Orient »), il repassa par Samsun puis fut transféré en Grèce. Mais en 1923, le bombardement italien de Corfou marqua une nouvelle épreuve : l'orphelinat arménien qui se trouvait dans une caserne désaffectée fut pris pour cible.
En « compensation », cent orphelins furent alors envoyés en Italie, dont certains à Venise, chez les Mekhitaristes. Zareh fut de ceux-là.
« L'art de ce peintre jeune, mais sérieusement cultivé, n'a pas mûri au milieu des frivolités du grand monde ; il a mûri dans l'amertume et dans la douleur. » André Lermont
De Venise à Milan : l'apprentissage de la lumière (1923-1937)
En Italie il rêvait d'abord de devenir violoniste, mais la maladie le contraignit à choisir la peinture. Les maîtres vénitiens furent ses premiers guides. En 1927, il entra à l'Académie Brera de Milan, d'où il sortit diplômé en 1931.
En 1932, il reçut à Rome le titre de « Professore ». L'année suivante, sa première exposition individuelle se tint à Milan, après quoi il passa en Suisse. Dès 1934, il exposa à Zurich et à Bâle puis, en 1935 et 1938, à l'Athénée de Genève.
En 1937, il s'installa à Genève pour trois années fécondes où ses toiles, baignées de paix, célébraient le Léman et les Alpes.
« La grande séductrice éveilla en lui sa vraie vocation ; les diverses teintes vénitiennes pénétrèrent dans son âme. » Gustavo Macchi
Paris et la révélation des couleurs (1939-1960)
En 1939, Mutafian gagna Paris et épousa Haïgouhie Damlamian, qu'il avait connue enfant à Samsun. Naturalisé français en 1949, il demeura pourtant profondément arménien, écrivant et pensant dans sa langue natale.
Il participa aux grands salons (Tuileries, Automne, Indépendants) et, en décembre 1945, tint sa première exposition parisienne à la galerie
Allard. Puis suivirent Marseille (1946), Paris (1948, 1950, 1954, 1957) et Milan (1952).
La Bretagne, découverte après la guerre, devint son pays d'adoption artistique. Ses marines, éclaboussées de lumière, exprimaient l'exil et la nostalgie de la mer Noire.
« L'océan breton a principalement inspiré Mutafian, qui a retrouvé sur les côtes de la vieille Armorique comme un reflet des rivages de son propre pays. » G.-J. Gros
L'élan des voyages (1960-1966)
Les années 1960 élargirent encore son horizon. En 1962, il exposa aux Etats-Unis, à New York, Milwaukee, Los Angeles et Fresno, puis en 1963 à Beyrouth et, en 1966, à Paris.
Ses oeuvres circulaient désormais sur deux continents, saluées comme des symphonies de couleur.
« Il y a quelque chose d'expressionniste, de sensuel, de fougueux dans la violence avec laquelle cet artiste (...) traite la mer, les personnages et même certaines scènes de massacre. » René Barotte
L'Arménie retrouvée (1967-1979)
En 1967, il fut invité à Erévan, capitale de l'Arménie soviétique. Pour la première fois, il foulait une terre arménienne. Là, il rencontra le célèbre peintre Martiros Sarian et le catholicos Vazgen Ier. Cette révélation inspira de nouvelles séries d'oeuvres sur « l'Arménie retrouvée ». Il revint en 1971 pour une seconde exposition à Erévan.
De 1967 à 1979, il multiplia les expositions : Paris (1967, 1968, 1975), Marseille (1969), Milan (1970), Lyon (1972, 1973) et Genève (1975).
En 1976, l'Orangerie du Luxembourg lui organisa une exposition magistrale consacrée à la mer, thème éternel de sa peinture.
En 1979, il exposa à New York : une apothéose dédiée à l'Arménie.
« Automne embaumé, le lyrisme de la cithare exalte le concert de tes couleurs brûlées par le soleil. » Zareh Mutafian
La dernière vague (1980)
Il préparait une exposition au Venezuela lorsqu'il s'éteignit, le 11 mai 1980.
Sur son chevalet demeurait un portrait inachevé d'un père mekhitariste, daté du 12 mars.
Il repose au cimetière de Bagneux, dans le caveau des intellectuels arméniens.
Toute sa vie, Mutafian poursuivit la lumière. De Venise à Paris, de la Bretagne à Erévan, de la mer Noire à l'Atlantique, son pinceau chercha à transformer la douleur en éclats de couleur.
Son oeuvre demeure une mer de mémoire, un chant d'exil transfiguré par la beauté.
« Le ciel tumultueux qui fleurit comme un jardin en d'étranges soleils a toujours fasciné la vision flamboyante de l'artiste. » Jean Dalevèze
Expositions individuelles
Expositions du vivant de l'artiste : • 1933 février : Milan, Casa d'Artisti • 1934 : Zurich, Aktuaryus et Bâle, Kunstverein • 1935 janvier : G
My orders
Sale information
Sales conditions
Return to catalogue