VENTE EXCEPTIONNELLE DU MANIFESTE DES NOUVEAUX REALISTES DU MAMAC

LE TOUT PREMIER MANIFESTE 
En 1960, le critique d’art français Pierre Restany réunit autour de lui un groupe d’artistes, trentenaires et quadragénaires, dont il est intimement convaincu qu’ils constituent un mouvement artistique autour de la transformation de l’objet du quotidien en œuvre d’art : Yves Klein qui enduit de bleu, de rose ou d’or divers supports ; Arman qui accumule les objets ; César qui les compresse ; Rotella qui décolle les affiches de cinéma pour
en faire des tableaux ; Raysse qui présente des installations avec des produits de supermarché ; Spoerri qui fige les restes de repas dans des tableaux-pièges ; Tinguely qui crée des machines inutiles à partir de rebus métalliques ; Hains qui récupère dans la rue les tôles de zinc encollées d’affiches lacérées ; Dufrêne qui retourne littéralement les affiches côté colle ; Villeglé qui collecte les affiches de rue à caractère politique. Restany nomme ce groupe d’artistes français, suisses et italiens les « nouveaux réalistes » car ils ont une approche nouvelle du réel, c’est-à-dire de la relation à l’objet.
Le 16 avril 1960, Pierre Restany, rédige le manifeste des nouveaux réalistes dans un fascicule de huit pages pour l’exposition inaugurale organisée à la Galerie Apollinaire de Milan.
Lors d’une rencontre du groupe, au domicile d’Yves Klein, 14 rue Campagne-Première à Paris, le 27 octobre 1960, il est décidé d’immortaliser le texte fondateur – réduit à sa substantifique moelle – sous forme d’un mini manifeste cosigné par tous les membres et qui sera remis à chacun. César et Mimmo Rotella n’étant pas présents, il n’y a donc ce jour-là que huit artistes cosignataires (plus Restany). C’est Yves Klein qui écrit de sa main, à la craie, les exemplaires sur des papiers monochromes : sept sur papier bleu, un sur papier rose et un sur papier doré. Les exemplaires sont par la suite tirés au sort et remis à chacun.
La création de cette affiche-manifeste est un geste collectif qui s’inscrit dans la tradition des manifestes d’artistes comme celui de DaDa (1916), du Surréalisme (1924) et de l’Art concret (1930).
Par la suite, entre 1961 et 1963, Niki de Saint-Phalle, Christo et Gérard Deschamps rejoindront le mouvement artistique.
Contexte historique et artistique
Ces artistes aux parcours créatifs différents se sont unis autour du refus de l’abstraction triomphante de l’École de Paris, ainsi que de la Figuration, avec une conscience accrue de la modernité, celle du produit manufacturé, des villes industrielles, de la publicité, des mass-médias, de la science, de la technologie au cœur de la « société de consommation ». Ils ont cherché la poésie dans les objets trouvés : les affiches lacérées, les assem- blages, les compressions et accumulations d’éléments hétéroclites issus de l’industrie.
C’est une nouvelle lecture des ready-mades de Duchamp, des détritus de Schwitters et des objets de Man Ray.
En 1961 Restany rédige un deuxième manifeste mettant l’accent sur l’héritage dadaïste du mouvement. Yves Klein s’en désolidarise.
En octobre 1962, une exposition des nouveaux réalistes se tient à la Sidney Janis Gallery de New York. Un troisième et ultime texte est alors rédigé, le manifeste final, annonçant la dissolution du mouvement. Après cet événement, les artistes du groupe n’exposeront plus guère ensemble.
Yves Klein est décédé en juin de la même année.
En 1970, une dernière exposition itinérante à Milan, intitulée Les nouveaux réalistes 1960/1970, s’achève par un « banquet funèbre » coordonné par Spoerri.

Notre exemplaire :
L’original présenté ici est celui de Jacques Villeglé, acquis par l’actuel collectionneur, exposé dans les collections permanentes du MAMAC à Nice depuis douze ans (par convention de dépôt).
Il mesure 94, 5 x 63, 5 cm.
Il est l’un des sept exemplaires sur papier bleu outremer qui n’est autre que l’International Klein Blue (IKB), procédé déposé le 19 mai 1960 – c’est-à- dire cinq mois auparavant – à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) par Yves Klein lui-même.

Provenance :
- Collection Jacques Mahé de La Villeglé
- Galerie Mathias Fels, Paris
- Galerie Beaubourg, Vence
- Acquis par l’actuel propriétaire auprès de cette dernière en 1996
Les autres exemplaires originaux connus :
- exemplaire d’Arman : Centre Georges Pompidou - Musée national d’art moderne, Paris, n° inv. AM 2004-16
- exemplaire au Musée d’Art moderne de Paris, n° inv. AML 566
- exemplaire de Restany : vente Digard, Paris, Drouot, 24 octobre 2015
- exemplaire exposé à l’été 2021 à l’occasion de l’exposition « Les Nouveaux réalistes », Paris, Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois

Bibliographie :
Chroniques niçoises. Genèse d’un Musée, tome I : 1945-1972, Nice, Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain, Nice, Imprimerie Toscane, 1991, pp. 168, 178-179.
Catalogues d’expositions :
- Nice Movements. Contemporary French Art, Hong Kong Museum of Art, 20 avril - 25 juin 2000, pp 40-41.
- Yves Klein, corps, couleur, immatériel, Paris, Centre Georges Pompidou - Musée national d’art moderne, 5 octobre 2006 - 5 février 2007, pp. 246 à 251.
- 50 Jahre Nouveaux Réalistes, Galerie Reckermann, Köln, 21 avril 2010 - 31 Juillet 2010.
Cette oeuvre fait partie d’une exceptionnelle collection d’art contemporain mettant en avant plus particulièrement le Nouveau Réalisme et l’Ecole de Nice. Trente années de collection au plus près des artistes. Cette «Histoire d’une Collection» sera dispersée par notre Maison de Ventes aux Enchères lors de trois vacations : le 5 juin à Mandelieu-la-Napoule, et les 22 juin et 1er juillet à Paris.

Expert :
Virginie JOURNIAC,
Historienne de l’art, experte agréée par la Chambre Européenne des Experts-Conseil en Œuvres d’Art (C.E.C.O.A.), la Fédération Nationale d’Experts Professionnels Spécialisés en Art (F.N.E.P.S.A.) et la Confédération Européennes des Experts d’Art (C.E.D.E.A.).
v.journiac@gmail.com
+33 6 13 33 25 35

Modalités d’achat :
L’adjudicataire s’engage à laisser l’oeuvre en dépôt au MAMAC à minima jusqu’à sa fermeture pour travaux en 2023.
Ce manifeste, pièce maîtresse de la collection, sera vendue le 22 juin à Paris, sur désignation , l’oeuvre étant visible en exposition permanente au MAMAC à Nice.

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